LEADER ? EGO ? INNOVATION ? Non merci !

LEADER ? EGO ? INNOVATION ? Non merci !

 

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Il est fort à parier que l’un de vos contacts vous a déjà vomi l’une de ces platitudes récemment :

  • SOYEZ UN LEADER – pas un boss
  • CROYEZ EN VOS RÊVES – persévérez et ne laissez personne changer votre vision
  • N’AYEZ PAS PEUR DE RÉINVENTER LA ROUE – transformez votre marché

 

Que voulez-vous, il est difficile de s’avouer que le hasard et la complexité règnent en roi et maître dans nos vies.

Je soupçonne d’ailleurs des milliers de motivateurs, de consultants fumeux, et de pseudo-psychologourous d’endormir une masse d’esprits en affaires en déclamant ces berceuses toute faites. Et d’empocher un max avec cette industrie du “vas-y fort mon grand, t’es capable-pas-besoin-de-réfléchir-on-a-tout-ce-dont-on-a-besoin-en-dedans”.

Quand l’insécurité pointe son nez, il est plus facile de se raccrocher aux mêmes mythes fondateurs du monde des affaires (« bosse plus fort, sourit, soit original – ça va passer ») et de se refondre dans la masse béate des entrepreneurs en cessant de douter. Se berner à coup de positivisme baba. Au lieu de trouver des solutions et de s’ancrer dans l’ici-maintenant.

Et si on se disait la vérité.

C’est pas à coup de tapes dans le dos et de GO-GO-GO que vient la réussite.

Le monde des affaires est rempli d’entrepreneurs compétents qui ne réussissent pas. Qu’être chef d’entreprise et propriétaire, c’est un salaire moyen de 39 000 $ par année (au Canada). Que c’est tout un coup de chance que d’avoir un bilan financier positif au cours des trois premières années suivant le lancement de son entreprise.

Vous en voulez encore ?

– Depuis maintenant un quart de siècle, les données obtenues dans le cadre d’études quantitatives sur la motivation tracent un portrait peu flatteur des effets de la récompense et des programmes de motivation sur les employés. À vrai dire, les compliments et les incitatifs positifs à la performance font fondre la motivation, rendent les gens complaisants par rapport à leurs tâches, et augmentent le degré d’insatisfaction vis-à-vis du travail. Les gentils patrons ne poussent pas à la performance et au dépassement. Tout le contraire. L’humain s’épanouit et est à son meilleur dans l’adversité. Consultez l’excellent ouvrage à cet effet, Punished by Reward.

– Le manque de confiance en soi n’est ni un facteur de réussite, ni un facteur d’influence sur la santé mentale. Une méta-étude ayant examiné plus de 15 000 recherches sur la question de la confiance en soi révèle qu’il n’y a aucune corrélation entre la confiance en soi et le succès personnel. De plus, le manque de confiance en soi n’est PAS une cause importante de dépression. Une corrélation est également visible entre un haut degré de confiance en soi et l’agressivité gratuite envers autrui.

– Le succès ne se crée pas par la seule force de volonté d’un individu. Il s’agit plus souvent de la rencontre de plusieurs éléments dont le « timing », la rencontre de personnes pouvant faciliter l’atteinte d’objectifs, et d’autres conditions souvent imputables au hasard. Le seul facteur interne reconnu dans l’ensemble des cas, c’est la célèbre théorie des 10 000 heures (elle-même salement amochée par David Epstein dans The Sports Gene). On se paiera une explosion en règle du mythe du « self-made man » qui injecte une saine dose d’humilité dans le concept de succès: « Outliers » de Malcom Gladwell.

– La jeunesse et l’innovation ne sont pas des facteurs déterminants dans le succès des entreprises. L’âge moyen des « jeunes » entrepreneurs est de 40 ans. Et l’innovation ? 90 à 95% des entreprises passent le cap du premier million grâce à la différenciation marketing, pas grâce à la nouveauté (Amhar Bidhé, The Origin and Evolution of New Businesses, Oxford University Press). Ces types d’entreprises misent sur un changement de perception face à des services et des produits relativement anodins (par ex., salons de beauté, mécanique automobile, cafés, restauration, courriers, etc.), ce qui diminue les besoins en investissement et maximise la sécurité des investisseurs : Starbuck, Federal Express, Jiffy Lube, etc.

Étonnant n’est-ce pas ?

 

Arrêtons de nous raconter des histoires. Le doute, c’est l’amorce de vraies solutions.

 

Et en affaires, il faut avoir le courage de se tenir debout.

 

jessicaeric
Billet rédigé par Jessica Turgeon et Éric gagnon, Associés, spécialistes en marketing et rédacteurs-traducteurs chez Touché*