FRANÇAIS DE FRANCE ET DU QUÉBEC : « Lâchez-nous le pittoresque ! » (Billet d’humeur)

FRANÇAIS DE FRANCE ET DU QUÉBEC : « Lâchez-nous le pittoresque ! » (Billet d’humeur)

flags

 

 

Quelle est cette fascinante différence entre le français québécois et ce « français de France » ?

 
Cette source de tant de pittoresque pour les deux rives opposées de l’Atlantique ?

 
D’une part, on se délecte de cette parlure si croustillante mitonnée d’expressions du terroir, de la ruelle, et de notre Sainte-mère l’Église catholique :

 

 

le mythique «gosse », le vénérable « niaiser », et autres ?$%?$%% impubliables sous peine de se faire laver la bouche au savon.

 
D’autre part, on s’offusque de la préciosité de termes comme… Comme la majorité des mots de plus de trois syllabes prononcés par les cousins français !

 
Bon… Une fois ces tièdes stéréotypes écartés, peut-on penser qu’il existe une différence véritable entre les français québécois et « de France » ?

 
Non. Et oui.

 

FRANCE-QUÉBEC : DIFFÉRENCES ESTHÉTIQUES… MAIS MINEURES

 
C’est que la plus grande partie des archaïsmes et des « québécismes » ne s’utilisent principalement qu’à l’oral et survivent mal à la transplantation à l’écrit. Possiblement en raison d’un réflexe acquis sur les bancs de nos établissements d’enseignement.

 
Il existe tout de même quelques cas plus pointus qui font davantage figure d’exceptions que de lois. On citera à cet effet quelques mots comme :

 
• Achalandage: circulation;
• Avant-midi : matinée;
• Babillard : tableau;
• Cellulaire: mobile;
• Dîner: déjeuner;
• Avoir le goût: avoir envie;
• Se questionner: s’interroger.

 
FRANCE-QUÉBEC : C’EST À LA TECHNO QUE ÇA SE GÂTE

 

 

La différence est cependant plus prononcée lorsque l’on aborde les domaines technologiques ou le lexique plus « tendance ».

 
Les habitants de l’Hexagone adoptent en effet de manière beaucoup plus naturelle les termes anglophones que les Québécois. L’absence d’un organisme de légifération linguistique sur le sol français (du moins jusqu’en 2003) y est pour beaucoup.

 
On citera donc des termes d’usage commun en sol canadien qui, dans bien des cas, causeront des grattements de tête sur les crânes européens :

 
• Courriel: mail;
• Baladodiffusion: podcast;
• Infonuagique : cloud computing;
• Etc.

 

FRANCE-FRANCE : LE PSEUDO-ANGLO DES GRANDES OCCASIONS

 
Dernier cas, qui provoque bien des hausses de sourcils de notre côté de l’Atlantique (et au sein des diverses communautés anglophones): le pseudo-anglicisme créé pour des fins marketing ou de « coup de jeune »:

 
• Sur-booking (pour « over-booking », c’est-à-dire « surréservation »);
• Un after-work (pour «after-work drink » ou « happy hour », le célébrissime « 5 à 7 » québécois);
• Mailing (pour « direct mail marketing » ou « email marketing », c’est-à-dire « campagne courriel »);
• Footing (pour « walk », beaucoup plus exotique qu’« une marche »);
• Flipper (pour « pinball »).

 

 

 

Sans oublier mon favori, « rentring » (dans une campagne de France Télécom, pour le fait de « rentrer chez soi » ou « coming home »).

 
RIDEAU !

éric gagnon
Billet rédigé par Éric Gagnon, Associé, Traducteur-rédacteur senior chez Touché*